« Transmettre mon vécu »
A 45 ans, Christian Henna est le nouveau responsable des U14 à l'AJ Auxerre. Quelques jours après sa prise de fonction, l'ancien milieu de terrain formé à Mulhouse s'est prêté en toute simplicité au jeu des questions-réponses. Il revient notamment sur ses 20 saisons passées à l'AJA, d'abord en tant que joueur de 1993 à 2001 puis comme entraîneur des jeunes jusqu'en 2013.
Christian, pouvez-vous nous rappeler votre parcours sportif ?
Je suis originaire de Mulhouse, où j'ai effectué toute ma formation et débuté ma carrière professionnelle à l'âge de 17 ans. L'AJ Auxerre m'a repéré par l'intermédiaire de Guy Roux. Je suis arrivé en 1993 et j'ai joué mon premier match six mois après avoir intégré le groupe. Mon parcours a été émaillé de nombreuses blessures, mais j'ai disputé une soixantaine de matchs en Ligue 1 et presque autant en Ligue 2, plusieurs rencontres de Coupe d'Europe dont la Champions League en 1997. J'ai connu le doublé (championnat-coupe de France en 1996). J'ai dû arrêter ma carrière sur blessure en 2000-2001, puis je suis passé entraîneur au centre de formation. J'ai encadré successivement les 15 ans, les 17 ans nationaux et les 19 ans nationaux. Et là, je réintègre l'AJA avec les U14.
Quels sont vos diplômes sportifs ?
Je suis titulaire du Diplôme d'entraîneur de football (DEF).
Pourquoi avez-vous choisi d'entraîner des jeunes ?
Le football, c'est ma passion depuis toujours, depuis l'âge de six ans, que ce soit dans mon quartier ou au club de Mulhouse. Ca a toujours été mon fil conducteur. Par la force des choses, j'ai dû arrêter ma carrière, mais je tenais à rester dans le milieu du football. L'opportunité s'est ouverte avec Guy Roux, qui m'a proposé de rester avec l'effectif technique du centre de formation. J'ai commencé une année avec Jean-Claude Gagneux, entraîneur emblématique à l'AJA pendant plusieurs années. Quand il a récupéré les U14, j'ai pris les 17 ans et ça s'est enchaîné comme ça. J'aime transmettre mon vécu. Entraîner me permet de côtoyer des joueurs en devenir et de leur apporter mon expérience de joueur, mais aussi en dehors du football. Les péripéties du sport de haut niveau : blessures, fin de carrière, reconversion, etc. J'ai fait un peu le tour de toutes ces choses-là, dont on oublie parfois de parler.
Quel entraîneur ou personnalité vous a inspiré dans votre carrière ?
Je ne vais pas être original : Guy Roux est une personne qui compte beaucoup pour moi, à tous les niveaux. Professionnellement, c'est lui qui est venu me chercher et qui m'a fait démarrer en Ligue 1. C'est avec lui que j'ai connu le doublé, les matchs de Ligue des champions, etc. Et humainement, on a des relations privilégiées. Quand on voit le club qu'il a bâti, je crois que c'est quasiment unique au monde. Partir de DH ou de PH et arriver à la Champions League, c'est vraiment unique.
Quel est le meilleur jeune que vous ayez entraîné ?
Celui qui avait le plus de qualités, c'était Abou Diaby. J'ai entraîné beaucoup d'autres bons joueurs, comme Younès Kaboul, Yaya Sanogo et Paul-Georges Nthep, mais Abou Diaby avait le meilleur profil footballistique et humain. De par sa fragilité physique, il a eu pas mal de souci, mais c'était déjà un joueur de grande classe.
Quel est votre meilleur souvenir à l'AJ Auxerre ?
En tant que joueur, à part le doublé, c'est surtout une victoire en Champions League à l'Ajax d'Amsterdam en 1997. On avait gagné 2-1 au match retour. On ne nous attendait pas, on était un peu le Petit poucet du groupe. On a su chercher la victoire là-bas alors qu'on avait perdu à domicile (1-0) et on a fini premier du groupe. L'environnement de la Champions League, le stade, l'Ajax... Il y avait des joueurs emblématiques comme Edwin Van der Sar, Jari Litmanen et Franck de Boer. En tant qu'entraîneur, ce sont les titres de champion de France en 17 ans et en 19 ans. Les joueurs m'en parlent encore, même s'ils ont fait une grande carrière après. Ces victoires-là restent gravées presque plus que leurs titres en professionnel. C'est une période de leur vie qui a compté pour eux. Ils sont souvent reconnaissants et en gardent des souvenirs importants.
Quel est votre geste technique préféré ?
La reprise de volée, c'est un beau geste à voir et à enseigner. J'aime bien une belle reprise de volée, bien propre, et qui va tout droit dans le but si possible !
Avez-vous une anecdote à partager avec les internautes ?
J'ai le souvenir de ce match de Coupe d'Europe face à l'Ajax. A la mi-temps, il y avait 1-1 et on n'était pas super bien... A un moment donné, Taribo West (ex-international nigérian formé à l'AJA) a éteint toutes les lumières [du vestiaire] et s'est mis à entonner une sorte de chant rituel pendant sept ou huit minutes. Il tapait aussi sur la table, c'était surprenant et ça a plutôt porté ses fruits après. Je ne sais pas s'il y a un lien particulier, mais c'était sympathique à vivre et ça reste un souvenir original et marrant !